Comment organiser la gouvernance et le financement de la smart city ?

30 septembre 2019
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La smart city suscite de nombreux fantasmes. On imagine une ville ultra connectée, aux trottoirs immaculés, avec des véhicules autonomes et une gestion millimétrée de l’espace public grâce à l’intelligence artificielle et des montagnes de données à analyser.

Pourtant, une smart city ne peut être intelligente que si sa tête pensante l’est aussi. C’est tout l’enjeu du sujet de la gouvernance et du financement. En effet, ce sont des leviers de pouvoir important pour assurer le développement de la smart city, car ce sont eux qui planifient, financent et prennent en compte les intérêts parfois divergents des parties prenantes.

Une ville intelligente n’est pas forcément une ville hautement technologique

C’est le premier écueil dans lequel il ne faut pas tomber. Les villes dotées des dernières innovations technologiques ne sont pas forcément les villes les plus intelligentes. En ce sens, la technologie n’est pas une fin en soi. Bien sûr, on parle d’IoT, de capteurs intelligents, de gestion prévisionnelle des flux et de partage de données, mais c’est loin d’être un prérequis pour faire une smart city. Car le risque d’exclusion est bien réel. La smart city doit avant tout être rassembleuse et faciliter le mieux vivre ensemble. La technologie à outrance – si elle apporte d’indéniables services – coûte aussi très cher. Équiper uniquement le centre-ville ou le quartier d’affaires de la plus haute technologie risque de créer une fracture numérique avec les quartiers résidentiels ou périphériques où vivent la majorité des habitants.

Le meilleur exemple vient de Colombie avec la ville de Medellín. Nommée en 2012 ville la plus innovante du monde par le Wall Street Journal, c’est une smart city « low-tech » qui a développé sa stratégie de développement sur le tissu urbain et social avec des innovations à bas coûts ayant un impact direct et réel sur les habitants et les usages. Or, ce travail ne peut se réaliser qu’avec une gouvernance adaptée qui doit trouver le bon équilibre entre responsabilité sociale et financière d’un côté, et impératifs de développement économique de l’autre.

En Europe, la ville d’Amsterdam fait régulièrement figure de modèle en matière de bonne gouvernance pour une smart city. Les Néerlandais ont trouvé le bon équilibre entre développement et durabilité. Ainsi, l’accès à la technologie compte au moins autant que la qualité de la gouvernance, la cohésion sociale ou encore le respect de l’environnement.

Intégrer les habitants dans la prise de décision pour une gouvernance participative

Développer une smart city passe nécessairement par apporter de nouvelles solutions à des problèmes vécus quotidiennement par les habitants. Ces derniers s’impliquent d’ailleurs de plus en plus dans leur communauté locale – en particulier grâce aux réseaux sociaux – et leurs attentes ne peuvent pas être ignorées. Cette participation passe notamment par la création d’une plateforme d’idéation, par des consultations publiques sur ces projets clés et par l’inclusion de tous les citoyens via l’intermédiaire du tissu associatif et communautaire local. On ne construit pas une smart city à partir d’une feuille blanche. Il faut prendre en compte l’histoire et la culture de la ville. Il faut aussi accepter que certaines infrastructures vieillissantes ou inadaptées aux enjeux actuels doivent être repensées. Pour tous ces sujets, l’apport de la population est essentiel.

Chaque projet doit être soigneusement évalué. La gouvernance a aussi un rôle d’évangélisation auprès des parties prenantes de la smart city. Il est toujours plus sage et raisonnable – notamment sur le plan financier – de démarrer avec des projets pilotes à taille humaine pour élargir par la suite. Cela permet d’intégrer les changements culturels induits par ces projets pour une plus grande acceptation populaire.

La gouvernance idéale

Il n’y a pas un pa un modèle type, mais un cadre qui peut s’adapter aux enjeux des territoires. La gouvernance d’une smart city métropolitaine de plusieurs millions d’habitants ne sera pas gérée de la même manière que celle d’un écoquartier dans une ville de taille moyenne. Dans tous les cas, la gouvernance est composée d’un comité exécutif qui comprend des acteurs publics (qui définissent la vision) et privés (qui s’impliquent dans le financement et l’innovation), autour d’un comité scientifique, composé d’experts et de la société civile, qui lui apporte ses conseils. La gestion opérationnelle peut être confiée à un groupe de travail consacré aux relations avec les habitants. Ce qui compte, c’est que chaque partenaire dispose d’une place afin d’être un acteur de la smart-city, tant sur le volet de la vision, que sur ceux de la construction et de la gestion quotidienne.

Le principal danger qui touche la gouvernance est celui de l’alternance politique et du changement de vision. Sans cette continuité, il sera difficile de construire une smart-city durable, les agendas politiques n’étant pas toujours compatibles avec le calendrier d’un projet sur le long terme.

Disposer d’une gouvernance efficace est un facteur clé de succès pour une smart city. C’est grâce à elle qu’il est possible de mobiliser des sources de financement multiples et d’impliquer tous les acteurs autour d’un projet commun.

Plus celle-ci sera transparente et participative, plus les entreprises, associations, entités publiques et citoyens seront acteurs du développement urbain et fruit d’un engagement collectif unique.

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