Est-ce que les véhicules autonomes vont vraiment révolutionner nos villes ?

20 octobre 2020
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Des voitures volantes du « Cinquième Élément » aux taxis sans chauffeur de « Total Recall », en passant par « K-2000 » ou « Retour vers le futur », les scénaristes des années 80 et 90 ne manquaient pas d’inspiration lorsqu’il s’agissait d’imaginer la voiture du futur. Il faut dire que la voiture automatique, autonome ou intelligente nous est présentée depuis longtemps. Mais pour quels résultats ? Verrons-nous un jour des véhicules autonomes dans nos villes ? Et surtout, pour quel impact sur l’aménagement urbain ? Entre smart city et science-fiction, voyons ce que le futur proche nous réserve.

Véhicules autonomes : une situation plurielle

Quand on parle de véhicules autonomes, il faudrait en réalité prendre le temps de distinguer les différentes catégories des moyens de transport. Car au cœur d’une ville peuvent se croiser du transport de personnes, du transport de marchandises et même une mobilité intra campus ou intra quartier.

Le transport de marchandises

Si le potentiel du transport de marchandises est immense, sa démocratisation prendra du temps. Tous les grands acteurs du secteur, comme Amazon, UPS ou Fedex travaillent ou s’intéressent au sujet pour une raison simple : sans chauffeur à bord, ce sont des millions d’euros qui pourraient être économisés. Les livraisons pourraient s’effectuer en tout temps et les transporteurs gagneraient en coûts et en flexibilité. Parmi les initiatives à surveiller, on peut noter Boeing avec sa filiale Boeing HorizonX, Tesla avec son cybertruck et Thales qui développe des trains autonomes. Le sujet de la livraison autonome comprend deux points importants : les déplacements d’un entrepôt à l’autre, et ceux de l’entrepôt aux domiciles ou aux entreprises des clients. Pour le moment, c’est entre les entrepôts que le potentiel est le plus important, car ce sont des distances longues, dont beaucoup se font sur autoroute, et avec des conditions qui facilitent la conduite autonome (peu d’obstacles, routes connues, bonne cartographie, etc.). En revanche, ce sera la livraison vers les clients à partir des entrepôts qui nécessitera le plus de temps (le fameux dernier kilomètre), et qui sera susceptible d’impacter l’organisation des flux de circulation à l’intérieur des villes. 

La mobilité intrazone

La question de la mobilité autonome se joue aussi au sein d’un espace clos et bien délimité comme un campus universitaire, un site hospitalier, un centre de recherche ou un parc. Le parcours est normé et comporte peu de risques et d’interactions avec d’autres véhicules. De nombreuses expérimentations sont en cours sur ce sujet, à la fois pour transport des personnes, mais aussi des marchandises. C’est le cas aux États-Unis, en Virginie, sur le campus de l’université George Mason qui a autorisé 25 robots de livraison capables de livrer des repas aux étudiants. Par tous les temps, ils roulent sur les trottoirs, évitent les obstacles et les piétons, et seule la personne qui a passé la commande peut accéder à son repas dans le robot. Pour le transport de personnes, il sera nécessaire de construire des accès particuliers et des routes qui soient parfaitement délimitées, ainsi que des points de chargement et de déchargement.

Le transport de personnes

Enfin, le transport de personnes est le côté le plus visible du véhicule autonome. La plupart des GAFAM investissent massivement sur le sujet. Du côté d’Alphabet, la maison-mère de Google, c’est sa filiale Waymo qui développe des voitures capables de conduire seule. Un projet qui est même fonctionnel dans quelques quartiers de la ville de Phoenix aux États-Unis. Mais là aussi, les obstacles législatifs et techniques sont encore nombreux.

Les conséquences sur l'urbanisme d'aujourd'hui et du futur

S’ils sont encore discrets, il y a peu de doutes sur le fait que les véhicules autonomes seront bien présents dans nos villes dans les années à venir. Et ce n’est pas sans conséquence pour les professionnels de l’urbanisme et de la planification urbaine :

  • Réduction du nombre de places de parking : puisque les voitures n’auront peut-être plus besoin de rester inactives toute la journée sur un parking, les places de ceux-ci seront de moins en moins nécessaires.  L’étude « Unparking » a pris l’exemple de Singapour pour montrer que les véhicules autonomes réduiraient le besoin de voitures de 676 000 à 200 000. Soit un besoin de places de parking dans la ville de 1,3 million de places aujourd’hui à 410 000 places dans le futur (-70 %). 
  • Disparition des feux de circulation : grâce à leurs capteurs, les véhicules autonomes seront capables de traverser les intersections en communiquant avec d’autres véhicules et en restant à une distance sûre de ceux-ci. Il serait même possible de doubler le volume de véhicules pouvant traverser les intersections à un moment donné, par rapport au système de feux de circulation existant.
  • Disparition des voitures avec chauffeur : taxi, limousine ou VTC… puisque tous les véhicules pourront se piloter seuls, l’industrie du transport à la demande être totalement reconfigurée. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle Uber investit autant sur les véhicules autonomes, afin d’être le premier à transporter ses clients d’un point A à un point B sans chauffeur.

Les transports à l’intérieur des villes ont considérablement impacté l’architecture et l’urbanisation de nos espaces de vie et de travail. Cheval, voiture, vélo, tramway, bus… chaque époque a imposé sa tendance et la prochaine pourrait bien le règne des véhicules autonomes, pour une vie en meilleure intelligence entre piétons et voitures !