La smart city : un avantage ou inconvénient pour les petites collectivités ?

27 mai 2020
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"Même en France, rien n'empêche les petites collectivités de se lancer dans des projets de ville intelligente."

Quand on évoque les smart cities, on pense surtout aux grandes métropoles. De San Francisco à Tokyo en passant par Dubaï ou Pékin. Toutefois, même en France, rien n’empêche les petites collectivités de se lancer dans des projets de ville intelligente. Sur le papier, c’est même un projet stimulant. C’est une gestion plus efficiente et démocratique au bénéfice des usagers et de la collectivité. Néanmoins, ce sont aussi des projets qui requièrent des expertises poussées qui n’existent pas toujours en interne. Entre coûts et défis liés à l’implémentation d’un projet, et retour sur investissement pour la collectivité et ses habitants, est-ce que la smart city peut s’appliquer aux petites collectivités ? Et si oui, comment ?

La smart city : une définition aux contours mouvants

La smart city constitue un changement de paradigme important en matière de planification urbanistique. Le but est de mieux connecter la ville pour la rendre intelligente, afin de prendre les meilleures décisions au bon moment pour faciliter la vie des habitants et la gestion des pouvoirs publics. Derrière cette définition large, la smart city vise aussi à repenser la ville pour qu’elle soit plus écologique, plus responsable, plus inclusive et mieux armée pour anticiper les changements à venir.

Transformer une ville en smart city ne s’improvise pas. Il faut des projets, une gouvernance stable, des financements et un alignement parfait entre besoin des habitants et volonté politique. D’ailleurs, une smart city ne concerne pas toujours toute la ville. Elle peut se concentrer sur un immeuble, un quartier ou une agglomération. Ce qui compte, c’est de définir une échelle et un périmètre d’actions réalistes selon les moyens et les ressources en place.

Les collectivités doivent aussi prendre en considération les doutes et les craintes des détracteurs des smart cities. C’est-à-dire construire une ville pour une population riche, urbaine, éduquée vivant dans les hyper centres, au détriment des habitants des banlieues plus éloignées ou des quartiers moins favorisés, car mal reliés par les transports ou victimes d’une ségrégation spatiale historique. 

Comment la smart city peut-elle s'appliquer aux petites collectivités ?

Depuis plusieurs années, les centres-villes des villes de taille moyenne souffrent. Les commerces désertent ou font faillite, les entreprises s’installent en périphérie et les grands centres commerciaux absorbent une partie croissante de l’activité économique au détriment des indépendants. Les villes doivent donc se réinventer. Et la smart city peut aider à la transition des cœurs de ville qui ont besoin d’une nouvelle dynamique. 

La smart city peut ainsi aider à fluidifier la circulation, à favoriser l’interconnexion et le développement des transports en commun (incluant le transport à la demande pour les zones rurales ou les départements à faible densité de population), et à mieux gérer le stationnement. Elle participe à réduire les coûts de fonctionnement des maisons, bâtiments et immeubles en optimisant les dépenses d’énergie et en recommandant des travaux d’amélioration ciblés.

Elle favorise le sentiment de sécurité en misant sur la gestion de la donnée pour mieux répartir les premières lignes de secours, surveiller les zones à risques (cambriolages et vandalisme, mais aussi inondation et canicule) et intervenir plus rapidement.

Enfin, la smart city donne aussi une image moderne de la ville. Elle nécessite une bonne connectivité (internet, fibre optique et réseaux mobiles 4G/5G) et constitue un vecteur d’attractivité territoriale sur le plan économique.

"La donnée et le citoyen. Ce sont deux sources d’information utiles pour adapter les politiques locales et mieux servir son territoire."

La question de la taille critique : un enjeu important pour les petites collectivités

Se lancer dans un projet de smart city a nécessairement un coût. Il faut recenser et évaluer les projets, mener des études parfois longues et complexes, investir dans des infrastructures, impliquer la population, etc. Or, une petite ville n’aura pas les mêmes moyens qu’une grande métropole. Il faut donc avoir la taille critique nécessaire pour optimiser ses réseaux et ses charges de fonctionnement. C’est la raison pour laquelle, les petites collectivités parlent avant tout de territoires intelligents plutôt que de villes intelligentes. L’échelle est plus large et les projets plus intégrés, en particulier en soignant la relation entre administrés et administration.

Pour réussir dans cette démarche, deux piliers sont nécessaires : la donnée et le citoyen. Ce sont deux sources d’information utiles pour adapter les politiques locales et mieux servir son territoire. Il est donc normal pour une collectivité de ne pas jouer cavalier seul. Pour réussir un projet de smart city, il faut chercher des alliés. Avec les villes voisines, mais également le département ou la région. D’autre part, en s’appuyant sur l’initiative citoyenne pour collecter des données, les petites collectivités peuvent ainsi gagner en réactivité et optimiser leurs coûts.

Enfin, il ne faut pas hésiter à aller chercher des financements tiers, en particulier au niveau européen. C’est, par exemple le cas de Connecting Europe Facilities, du programme LIFE, de l’initiative Horizon 2020 et du fonds européen pour les investissements stratégiques.

Dans le cadre d’une étude réalisée par le cabinet IDC, les collectivités interrogées qui ont lancé des projets de smart city ont déclaré déjà constater les premiers bénéfices. C’est ainsi que les plus petites communes font état de bénéfices en matière d’infrastructures (en particulier en matière de gestion énergétique), de sécurité et d’attractivité du territoire, alors que celles de plus de 20 000 habitants évoquent surtout la gestion de l’eau, de l’éclairage public et des soins de santé. Autant de projets stimulants pour inventer la ville de demain !