Lundi de la cybersécurité : Guerre économique et économie de Guerre

23 mai 2022
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Les états n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts

Plusieurs d’entre vous nous ont demandé d’organiser un Lundi de la Cybersécurité spécial sur la situation actuelle à l’Est de l’Europe, et ses répercutions à prévoir en France, en particulier dans le domaine du numérique. Nous sommes à votre écoute et nous avons trouvé les intervenants qu’il fallait pour traiter un tel sujet. Mais comme le contenu et les intervenants de nos « Lundi » étaient déjà retenus jusqu’à fin 2022, nous avons du insérer dans notre agenda un deuxième Lundi de la cybersécurité en mai.

Cette célèbre phrase du général de Gaulle résume bien la situation d’une nation ou d’un groupement de nations qui se retrouvent face à des partenaires d’un moment mais qui peuvent devenir des concurrents, voire des ennemis.

La situation dramatique des Ukrainiens d’un côté et la dépendance de l’approvisionnement de l’Europe en énergie, pétrole, gaz, charbon venant de Russie de l’autre, conditionnent l’évolution de nos relations avec certains de nos voisins. Le cyberespace peut être rapidement affecté et devenir plus que jamais un théâtre d’affrontement. Les cyberattaques sur nos infrastructures vitales peuvent se multiplier. Ce Lundi de la cybersécurité se propose, avec deux intervenants qui ont exercé d’importantes fonctions au sein de l’Etat, de nous éclairer sur la guerre économique et sur l’économie de guerre qu’il nous faut maintenant envisager.

Je donne la plume au premier intervenant Bernard Besson

Le 25 février 2022 au lendemain de l’intervention russe en Ukraine la France annonçait des sanctions économiques contre la Russie. Nous sommes officiellement en guerre économique. Cette réalité millénaire est désormais actée par l’Etat stratège dans le cadre d’un affrontement de haute intensité. Les conséquences ne se sont pas faites attendre. Les Français sont désormais concernés par l’économie de guerre. Or celle-ci demande de savoir lire une réalité mouvante incertaine et dangereuse. Nous disposons de plusieurs leviers, de nombreux acteurs, de plusieurs alliés. Mais l’adversaire également et non des moindres. Le monde que nous avons connu est fracturé.

Le sang froid de nos dirigeants est plus que jamais nécessaire. Une bonne gouvernance de l’économie de guerre exige de savoir de quoi nous parlons afin d’anticiper les coups sans aller trop loin. L’ancien président russe Medvedev ne nous répondait il pas que les guerres économiques débouchent souvent sur des guerres militaires ?

Qui est Bernard BESSON, notre intervenant ?

Bernard Besson a été contrôleur général honoraire de la DGSI et de l’IGPN. Il a occupé de hautes fonctions au sein des services de renseignement sur les questions de guerre économique, des opérations d’espionnage et de déstabilisation des entreprises ou des états . Il est président du comité scientifique de la Commission intelligence économique des Ingénieurs et Scientifiques de France (IESF). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, essais et fictions ayant trait à l’intelligence économique, et de romans passionnants autour des risques et des enjeux géopolitiques et économiques dans les entreprises et organisations.

Je donne la plume au deuxième intervenant : Bernard Barbier

Au lendemain du 25 février 2022 la France n’est pas entrée dans une guerre classique contre la Russie, nous ne sommes pas des belligérants. Mais nous sommes en guerre économique et dans une guerre totale de l’information de de la désinformation. La cyber en tant qu’arme potentielle ne semble pas jouer un rôle essentiel dans ce conflit, est ce l’effet des actions offensives et préventives des USA, ou avons-nous surestimé les capacités des Russes ? Ce conflit qui va durer encore des mois va conduire à redéfinir nos stratégies cyber française et européenne. La France, pays doté d’armes nucléaires ne peut pas entrer en guerre classique ouverte contre la Russie, pays qui en est aussi doté: la dissuasion nucléaire semble jouer son rôle.

Mais la cyber guerre, la guerre totale de l’information, l’espionnage classique et le cyber espionnage sont devenus des armes sous le seuil nucléaire, donc utilisables et utilisées dans ce type de conflit. Les USA ont montré leur capacité cyber offensive qui semble efficace, l’Europe et donc la France ne sont t’elles pas le ventre mou cyber ? La Russie a montré son savoir-faire lors de l’opération SOLARWINDS et nous devons craindre un SOLARWINDS puissance dix qui viserait spécifiquement les entreprises et institutions européennes.

Qui est Bernard BARBIER, notre intervenant ?

Bernard Barbier a été le directeur technique de la DGSE.Il est membre de l’Académie des Technologies et du conseil d’administration de l’ARCSI (Association des Réservistes du Chiffre et de la Sécurité de l’Information). Il a été directeur de la Cybersécurité du groupe CAPGEMINI-SOGETI et directeur du LETI (CEA Grenoble).

Les « Lundi de la cybersécurité »

Organisés par Béatrice Laurent et Gérard Peliks, intervenant au sein du MBA Management de la Cybersécurité Devinci Executive Education avec la logistique en présentiel ou en distanciel de l’université de Paris, les « Lundi de la cybersécurité » se tiennent un lundi par mois, de 18h à 20h. Entre 150 et 200 participants assistent et peuvent aussi, à la suite de la présentation, poser des questions aux intervenants. S’ensuivent des débats très intéressants entre experts du sujet traité.