Reconversion professionnelle en France : les chiffres clés

3 octobre 2022
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L’herbe est toujours plus verte ailleurs.

Selon l’adage populaire, il suffirait donc de changer pour vivre une vie plus aboutie et plus épanouie. Mais, est-ce si simple pour autant ? Dans le monde professionnel, le changement est un défi qui peut être considérable tant les croyances limitantes, les manques de perspectives ou le fait de ne pas savoir passer à l’action peuvent entraver le mouvement. Pourtant, la question de la reconversion professionnelle n’a jamais été aussi prégnante en France. Si le pays ne fait pas (encore) face au phénomène de la grande démission, comme aux États-Unis, les motifs de changement sont pourtant bien présents : insatisfaction, rêve inachevé, accident de vie, opportunité nouvelle, rencontre impromptue, etc. Pour en savoir plus, nous avons plongé dans les chiffres et les statistiques de la reconversion professionnelle en France.

Reconversion professionnelle : un sujet pour 25 à 33 % des salariés

Pour s’intéresser à la reconversion professionnelle, nous nous sommes basés sur deux études clés. La première est l’enquête du Céreq publiée en février 2022 qui se concentre surtout sur les travailleurs non qualifiés (« Se reconvertir, c’est du boulot ! Enquête sur les travailleurs non qualifiés »). La seconde, c’est celle de France Compétences conduite début 2021 sur les reconversions réalisées au cours des 5 années précédentes (« Parcours de reconversion professionnelle »). Parce que les études portent sur des temporalités et des profils différents, leurs résultats ne sont pas tout à fait les mêmes. En revanche, les éclairages qu’elles produisent sont tout à fait convergents.

Au cours des 5 dernières années, de 25 à 33 % des salariés souhaitaient changer de métier, mais seuls 58 % de ceux-ci ont suivi une formation pour mener à bien leur projet. À noter également que 75% des personnes en reconversion quittent leur entreprise pour une nouvelle organisation ou une nouvelle forme de vie. À chaque fois, l’entreprise quittée n’offre d’ailleurs aucune ressource spécifique, aucune aide, ni aucun outil pour formuler ou concrétiser un projet de reconversion professionnelle. Le message semble clair pour les employeurs : le salarié qui souhaite se reconvertir en dehors de son entreprise devra se débrouiller seul.

La formation : un accélérateur de réussite

Si l’envie de se reconvertir est là, le passage à l’acte est plus complexe. Selon le Céreq, sur les 33 % de salariés qui souhaitaient changer de métier en 2015, moins d’un tiers l’ont fait 4 ans plus tard. Pour France Compétences, 17 % des salariés du privé ont réalisé une reconversion active et volontaire au cours des dernières années, c’est-à-dire en engageant personnellement des démarches pour y parvenir. Les résultats de cette reconversion impliquent notamment des changements de métier dans la moitié des cas, et des changements de statut pour l’autre. C’est-à-dire des salariés devenus indépendants, des indépendants devenus salariés, et des non-cadres devenus cadres.

Au total, ce sont donc 2 millions d’actifs français qui ont changé de métier depuis 5 ans. Un mouvement amplifié par la crise sanitaire causée par la pandémie de COVID-19, avec le besoin de faire autre chose, ou de faire la même chose différemment et dans un autre cadre. La crise financière et l’impact de la transformation digitale dans les organisations ont pu aussi pousser des salariés à se former et à réinventer leur carrière pour éviter que l’automatisation, l’intelligence artificielle, la robotisation, la transition écologique ou l’uberisation ne viennent transformer ou condamner leur emploi. Avant la crise sanitaire, en 2015, 33 % des salariés souhaitaient changer de métier ou d’orientation professionnelle. Un taux qui est monté à 47% en 2021.

Toutefois, entre vouloir et pouvoir changer, il y a toujours une marche qui peut être haute à franchir, selon les ressources financières personnelles et le cadre culturel et sociodémographique. Ainsi, 39 % des travailleurs non qualifiés souhaitaient changer de métier en 2015, contre 29% des cadres, mais ils ont été moins nombreux à passer à l’acte avec succès. Ils remettent d’ailleurs plus facilement en cause leur emploi avec un mécontentement global (31 % contre 15 % pour les cadres), ont beaucoup plus souvent un travail répétitif (80 % contre 32 %) et s’estiment plus souvent mal payés par rapport à leur niveau de qualification (61 % contre 48 %). Autant de raisons qui sont à l’origine d’une envie de changement sur le plan professionnel, mais qui ne se réalise pas toujours.

En France, plus de 4 reconversions sur 10 se sont réalisées sans aucune formation. Un taux élevé qui souligne un manque de connaissances ou d’informations, des barrières conscientes ou inconscientes sur les opportunités existantes, ou une peur de déranger et de se lancer. Se reconvertir sans formation, c’est aussi une prise de risque qui peut impacter sa vie personnelle et familiale. Accélérateur de reconversion et de changement, la formation représente pourtant un tremplin formidable pour les salariés, quels que soient leur niveau de qualification, leur métier ou leurs aspirations.