Comment rendre sa supply chain durable et environnementalement responsable

25 septembre 2020
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Le 24 avril 2013, l’effondrement du Rana Plaza à Dhaka, au Bangladesh, qui abritait cinq usines de confection, a fait 1 132 morts et plus de 2 500 blessés. Cinq mois plus tôt seulement, 112 travailleurs avaient déjà perdu la vie dans un autre accident tragique, coincés à l’intérieur d’une usine en feu, dans la banlieue de Dhaka. Ces catastrophes, parmi les pires accidents industriels jamais enregistrés, ont réveillé le monde entier sur les mauvaises conditions de travail auxquelles sont confrontés les travailleurs du secteur du prêt-à-porter au Bangladesh. Un symbole qui a obligé les grandes marques à réinventer leur supply chain pour des conditions plus justes, plus humaines, mais aussi plus environnementales. 

En matière de supply chain, les conditions de travail sont souvent très liées aux facteurs environnementaux. Rendre sa chaîne d’approvisionnement durable signifie améliorer les conditions de travail de ses fournisseurs et sous-traitants, mais aussi limiter l’empreinte carbone d’un produit, de sa conception à sa livraison. Pour y parvenir dans un monde globalisé et décentralisé, il n’y a pas de recette magique, mais des bonnes pratiques qui peuvent contribuer à faire évoluer les choses. Et ce, dans tous les secteurs d’activités.

Assumer la responsabilité de ses fournisseurs

Si les entreprises occidentales sont souvent les premières à défendre une approche durable et responsable de leurs activités, la situation est très différente quand on regarde l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. De l’extraction des matières premières à leur transport, leur transformation, et les multiples voyages internationaux qui les conduisent à terminer dans une usine ou une entreprise, il existe de nombreux leviers d’amélioration. Le premier d’entre eux consiste à promouvoir la responsabilité sociale et environnementale des fournisseurs. Concrètement, cela signifie que le choix d’un fournisseur ne doit pas se faire uniquement sur une question de prix, mais doit aussi intégrer d’autres facteurs, comme l’établissement d’objectifs de durabilité à long terme (y compris pour leurs propres fournisseurs et sous-traitants) et la mise en place d’une stratégie globale de développement durable. Or, si elles restent au stade de bonnes intentions, ces démarches ne sont pas utiles. D’où la nécessité de contrôler leur bonne application.

Contrôler ses fournisseurs : l'approche directe

C’est une approche qui consiste à enquêter directement auprès de ses fournisseurs afin de recueillir des informations sur leurs pratiques en matière de santé, de sécurité, de travail et d’environnement, mais aussi sur les performances de durabilité de leurs propres fournisseurs. Le but est de vérifier, à la manière d’un audit, que les pratiques d’achat adoptent des normes de durabilité exemplaires. L’entreprise joue donc le rôle d’un organisme de contrôle pour son propre compte, avec ses propres critères, mais envers ses fournisseurs.

Contrôler ses fournisseurs : l'approche indirecte

Avec l’approche indirecte, les entreprises proposent des formations aux fournisseurs et des incitations à la mise en œuvre de pratiques de durabilité. Le but est d’être davantage dans la sensibilisation que dans la coercition, sans que rien n’empêche un organisme tiers d’auditer ces fournisseurs de manière indépendante.

Un levier d'action lié à l'influence de l'entreprise

En général, plus une entreprise est importante, plus son influence est élevée. C’est ainsi que des multinationales comme Microsoft, Johnson & Johnson et Walmart participent au programme du Carbon Disclosure Project (CDP), une plateforme mondiale de collecte de données dans laquelle les fournisseurs divulguent des informations sur leurs émissions de carbone. Lorsqu’elles imposent des conditions sur l’importance des exigences économiques, sociales et environnementales, elles sont généralement écoutées compte tenu du volume d’affaires qu’elles représentent. Mais tout le monde n’a pas l’influence d’une multinationale, et pour de nombreuses PME et ETI, la question de la durabilité de leur supply chain peut être un sujet complexe à traiter, car tout dépend de leur degré de maturité.

Les leviers d’action pour une supply chain durable

Imposer des contraintes sur la supply chain est souvent vu comme une démarche contraignante, susceptible de créer des désavantages compétitifs. Pourtant, c’est tout l’inverse, car les avantages d’une supply chaine verte et durable sont nombreux. C’est l’occasion de servir la vision de l’entreprise, de respecter sa mission et ses valeurs. C’est aussi un moyen d’être vu comme un leader en matière de transition écologique et de ne pas prendre de retard sur un sujet incontournable. 

En termes de coûts, une supply chain durable permet de réduire la consommation d’énergie (eau, électricité, carburant pour les transports, etc.) et d’améliorer son bilan carbone. Une approche gagnant-gagnant qui se concrétise par différentes possibilités, comme :

  • Mettre en place une politique environnementale qui soit vérifiable, contrôlable et efficace.
  • Utiliser des matières et des composants moins polluants, et des technologies propres.
  • Réduire la consommation d’énergie.
  • Diminuer le volume de déchets généré par la production.
  • Optimiser ses unités d’expédition et réduire les emballages intermédiaires.
  • Développer le transport multimodal.

Rendre sa supply chain durable et environnementalement responsable ne doit pas être une stratégie faite de manière défensive et imposée. Prendre l’initiative, c’est aussi respecter ses salariés, fournisseurs et parties prenantes afin d’adopter une approche altruiste qui servent les intérêts d’une communauté au sens large. Dans un monde où la lutte contre l’injustice, les inégalités, les discriminations, et où la protection de l’environnement est très mobilisatrice, ce n’est pas juste une banale tâche d’optimisation à faire. C’est LA bonne chose à faire.